[NEWS] Le Quotidien – « Violences dans le sport : le plan pour protéger les athlètes »

5 février 2025

Christelle Brucker journaliste Le Quotidien

Alors que le Luxembourg planche depuis 2021 sur l’implémentation du safeguarding dans le sport, ce concept visant à protéger les athlètes de toute forme d’abus se concrétise enfin.

«Athlètes, entraîneurs, parents, bénévoles : le monde sportif implique beaucoup de monde. Il faut pouvoir leur assurer un environnement accueillant et positif, et pour ça, un cadre et des règles sont nécessaires», souligne Loïc Hoscheit, directeur de l’Agence luxembourgeoise anti-dopage (ALAD), mandatée par le gouvernement en 2023 pour garantir l’intégrité du monde sportif.

Et en ce début d’année, celui qui a été spécifiquement recruté pour piloter cet ambitieux projet, accélère le mouvement en intégrant à son équipe une responsable safeguarding.

Lauren Crisp, ancienne athlète de haut niveau en squash, se retrouve à la tête d’un nouveau pôle à constituer, et chapeautera chaque étape de la mise en œuvre de ce cadre à établir.

«On va travailler pour ça main dans la main avec les fédérations et les clubs sportifs du pays. Ce sera une véritable coconstruction», assure-t-elle.

Un travail avec les fédérations

Un tournant décisif pour l’agence qui s’apprête à changer de statuts, de missions et de nom. «On entre dans la phase opérationnelle. Concrètement, on va rencontrer les acteurs de terrain avec un document de référence définissant les types de violences contre lesquelles on va lutter, les procédures pour les signalements, le traitement des plaintes, et la protection des données», détaille le directeur qui assure que, pour l’instant, rien n’est figé dans le marbre.

Une fois cette trame commune fixée, une liste de règles de bonne conduite propres à chaque discipline sera rédigée, là encore, en collaboration avec les fédérations.

«On peut imaginer 8 à 10 gestes ou comportements à adopter ou bannir, que chaque membre de la communauté s’engagera à respecter.»

Des éléments préventifs seront développés ces prochains mois, incluant une campagne de sensibilisation et des outils pédagogiques (flyers, affiches, guides).

Un point de contact unique pour le pays

En parallèle, l’ALAD deviendra le point de contact centralisé pour tout signalement d’abus ou de violence dans le sport luxembourgeois.

«C’était une demande des autorités», insiste Loïc Hoscheit. «On pourra recueillir la parole des victimes – grâce à des gens formés pour ça – les accompagner, les orienter si besoin vers d’autres services ou la police pour les cas graves.»

Si des synergies sont d’ores et déjà envisagées avec le futur Centre national pour victimes de violence qui ouvrira ses portes au printemps, l’ALAD devrait se doter d’une équipe pluridisciplinaire (social, médical, juridique) pour être à la hauteur de cette nouvelle mission.

«On veut enclencher cette dynamique positive»

Les premiers échanges dédiés au safeguarding avec les fédérations et les clubs sont globalement positifs, selon l’ALAD : «Chacun est conscient qu’il y a un besoin, et on a deux projets pilotes en cours sur lesquels on peut s’appuyer.»

«Notre responsabilité, ce sera les guider, les soutenir, afin qu’ils ne se sentent pas seuls face aux problèmes», rassure le directeur.

«Tout le monde a envie de voir sa fédération croître, et ça commence par garder ses licenciés en leur offrant un cadre sûr. On veut enclencher cette dynamique positive.»

Pas question d’être juge et partie

Et en ce qui concerne les sanctions, pas question pour l’ALAD d’être juge et partie : elle se chargera d’étudier les signalements et mènera des investigations pour constituer un dossier qu’elle remettra ensuite aux mains de la fédération concernée.

Il reviendra à celle-ci de déterminer les mesures à prendre. Seuls les cas de violences physiques ou sexuelles feront exception et seront transmis directement à la police.

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